Le travail c'est la santé !
Depuis le 1 er janvier 2006, le salaire minimum pour un salarié travaillant dans le District of Columbia est de $7. Sept misérables petits dollars pour une heure de sueur, à raison de quarante heures par semaine. Le minimum fédéral étant de $6, les salariés à Washington devraient bomber le torse, hein ? De plus, de quoi se plaignent-ils quand dans une grande partie de les zeta zunis de les zamerik, le minimum est $5.15 par heure (Record pour le Kansas avec $2.65 de l’heure, pour ceux qui pensent venir chercher un job d’été – la moisson en particulier). Si j’ai bien tout calculé cela donne environ $1120 brut par mois, ou $ 730 net, si vous avez de la chance que votre employeur vous offre une couverture sociale. Le prix moyen d’une maison à Washington est de $371.000. Aïe !
Moi, je me demande comment les gens survivent.
De nombreux petits jobs, qui font que le chômage traîne autour des 4%, n’offrent rien d’un point de vue couverture sociale. Donc tu peux bosser 70 heures, avoir trois jobs (un pour la journée, un pour le soir, et un pour le week-end), et survivre tout juste avec ta petite famille.
Quant aux vacances ne m’en parlez pas, si vous en avez elles sont dérisoires. Une semaine la première année (si vous avez de la chance), deux la seconde année, et trois semaines après 35 ans de bons et loyaux services dans l’entreprise. Disposer de plus de trois semaines cela est assez rare, à la limite cela serait mal vu (« Je travaille donc je suis »). Cet exemple des vacances est valable pour ceux qui travaillent à temps pleins car les autres (une grande partie) qui sont embauchés en « part time » rament dans une galère en plomb, et ne voient pas beaucoup le soleil.
Bien sûr certaines entreprises font des « efforts » et offrent une couverture sociale, des plans pour la retraite, et des possibilités de promotions, mais malgré tout cela, une grande majorité d’américains survit dans l’endettement et la pauvreté.
« Révolution » alors, me direz-vous ? Ben, non ! Les grèves ici sont inexistantes, et lorsqu’il en a une ; Cela ferait rire les Européens.
Accrochés à cette pensée du rêve américain toujours réalisable, les salariés s’accrochent : « One day I am gonna make it, One day I am gonna make it, One day I am gonna make it, One day I am gonna make it… »
Il y a deux jours, j’allais prendre mon moyen de transport préféré : le métro, quand je vis une vingtaine de personnes, panneaux à la main, scandant un truc ressemblant à « On veut plus d’argent ! » (original hein?), et faisant des aller-retour sur une trentaine mètres. Ils étaient payés moins que les 5.15 $ syndical d’après les pancartes. En outre, je lus sur celles-ci qu’il s’agissait d’un syndicat des Charpentiers du Maryland. Là, au pied du siège de l’entreprise, ils protestaient, et tout le monde s’en foutait. Pas de police, pas de télé, pas de journalistes, juste de pauvres types en bleu de travail revendiquant un droit au salaire minimum. Ils ne gênaient personnes sur le large trottoir, les badauds « costardisés » les ignorant complètement. Pas de blocages, pas de menaces, à peine quelques cris. Fasciné par ce désespoir, je m’arrêtai et je regardai. Cela dura peut-être quinze minutes puis ils repartirent en ayant fait autant de vagues qu’un galet aurait fait s’il avait été jeté à Ouessant un après-midi d’Octobre. Déprimant.
Quand je suis rentré, et que j’ai lu ce qui se passait en France ces derniers jours, je n’ai pu m’empêcher de comparer ces misérables ouvriers aux centaines de milliers de manifestants dans la rue. Deux luttes, deux avenirs, deux impacts bien différents. Je ne sais pas ce que c’est le CPE, je ne me lancerai pas dans un débat (Rappelez-vous je suis limiter intellectuellement, et puis vous m’expliquerez, hein ?)
Alors, à l’aube d’un retour sur mes terres ancestrales, je me pose la question comment je vais gérer cela.
Peut-être devrais-je me mettre en grève de blog pour commencer, non ?